Dernièrement, j’ai eu la chance de visiter une exposition des plus intéressantes organisée par la Bibliothèque nationale (BANQ – Bibliothèque et archives nationales du Québec) : Fleuve. Il s’agit d’une collection d’oeuvres de diverses époques traçant le parcourt Nord-Sud de l’artiste multidisciplinaire René Derouin.
Commentée par l’artiste lui-même (originaire de Longue-Pointe, au bord du fleuve), l’exposition m’a permis de découvrir une série d’oeuvres très intéressantes où les notions de territoire et d’identité s’entremêlent de manière éloquente. En effet, M. Derouin a quitté le Québec à l’âge de 19 ans, en 1955, afin d’étudier les beaux-arts au Mexique. Très rapidement, il est pris d’un profond attachement pour ce pays et ses espaces. Alors que ses oeuvres ont portée pendant plusieurs années sur la nordicité, il réalise qu’elles sont teintées par cet amour du sud.
« Je nourris un sentiment d’appartenance à l’Amérique, mais je me considère plutôt comme un « continentaliste », comme dise les européens. J’appartiens de façon intrinsèque à ce continent, comme les oies qui partent vers le sud et remontent vers le nord. C’est ce qui explique le projet Migrations. »
Des statues et un fleuve
Le projet Migrations est sans doute celui qui m’a intrigué et intéressé le plus. Pendant 3 longues années, l’artiste a façonné 20 000 statuettes qu’il a par la suite déposé sur un plaque sculptée de bois, un espace, suffisamment long pour prendre naissance à l’intérieur du musée, où il était exposé au Mexique, et se terminer à l’extérieur.
Très impressionnant.
Cette exposition prit fin. L’oeuvre fut démontée et existait sur divers supports (films, photographies, etc.), mais n’existait plus en tant que telle, un paradoxe qui troublait l’artiste. Il décida donc de larguer les statuettes dans le fleuve St-Laurent, devenant ainsi une oeuvre permanente qui résisterait à l’épreuve du temps.
« Ce ne serait pas une performance, mais plutôt un rituel, qui se ferait dans le plus grand silence. […] Je venais de déposer une oeuvre d’art publique sur le lit du fleuve. »
Vous pouvez en tout temps visitez le site Internet de René Derouin qui vous renseigne sur ses nombreux projets, actuels ou futurs. Il est, en effet, très généreux et ouvert, insistant pour que ses oeuvres soient accessibles au public. C’est sans doute pourquoi la superbe exposition Fleuve est gratuite, et ce jusqu’au 23 mars 2014. Je vous encourage donc à en profiter! Vous pourrez d’ailleurs y écouter les quelques vidéos explicatives qui parsèment l’exposition pour obtenir plus de détails sur l’artiste, son cheminement et ses sources d’inspiration.
Bonne visite!